facebook twitter YouTube
logo EPTB
Accueil » actions » natura 2000 » limiter la prolifération du chêne rouge

limiter la prolifération du chêne rouge

Le Chêne rouge d’Amérique
(Quercus rubra)

Comme la plupart des espèces exotiques envahissantes, le Chêne rouge a été largement introduit en Europe, dès le 18ème siècle, pour ses qualités ornementales, en particulier pour son feuillage automnal qui vire au rouge. Cette essence venue d’Amérique produit de nombreux jeunes arbres, qui colonise rapidement les milieux où il est présent ; elle peut donc devenir une espèce envahissante qui présente peu d’intérêt pour notre faune européenne…

Le Chêne rouge est un arbre à croissance rapide (supérieure à celle des chênes européens), et depuis une trentaine d’années il est de plus en plus utilisé pour le reboisement. Il a même été envisagé comme essence forestière pour la production de bois, et a bénéficié d’un programme de sélection au début des années 80, pour trouver les provenances les mieux adaptées aux milieux naturels français.

Toutefois, son utilisation en forêt est aujourd’hui fortement déconseillée, et on tente localement de restreindre son expansion. Le Chêne rouge est très vigoureux aux stades jeunes puisqu’il produit de nombreux glands. C’est donc un concurrent redoutable qui peut se montrer envahissant en se substituant aux chênes autochtones.

Le Chêne rouge se développe particulièrement bien dans les zones les plus humides. Il s’installe souvent dans des clairières forestières, au détriment des espèces naturelles locales, concurrence alors les autres espèces arborescentes et provoque la fermeture de milieux ouverts. De plus, il forme des peuplement monospécifiques dans lesquels la biodiversité locale n’arrive pas à s’installer, entraînant ainsi un appauvrissement de la faune et de la flore.

Lutte contre cette espèce sur la commune de Franchevelle en Haute-Saône

On retrouve cette espèce sur le bassin de la Saône, et notamment en tête de bassin. Une action a été lancée en Haute Saône dans le cadre de l’animation du site Natura 2000 « Vallée de la Lanterne », sur la commune de Franchevelle.

Au sein de la Vallée de la Lanterne se trouve un site particulier, bordé de prairies humides et d’étangs : la zone humide de la Trincotte. Le site est localisé de part et d’autre d’un bras de la Lanterne, au niveau du lieu-dit de la Ferme de la Trincotte, à proximité des étangs de Citers. En lien étroit avec le fonctionnement de la Lanterne, la zone humide de la Trincotte est composée de boisements et de milieux humides, avec une forêt alluviale qui recèle de richesses naturelles remarquables…

Malheureusement, cette forêt est envahie par des espèces exotiques, notamment le Chêne rouge, qui prolifère au détriment de la flore locale et nuit à l’état de conservation de cette forêt alluviale. La population de chênes rouges doit donc être supprimée, pour favoriser le développement des espèces autochtones.

Cette opération sera réalisée par l’intermédiaire d’un Contrat Natura 2000, sur la période 2020-2022 pour permettre la mise en œuvre de chantier d’élimination ou de limitation de cette espèce indésirable, qui aujourd’hui dégrade le milieu et impacte son fonctionnement naturel.

La dynamique de colonisation de cette espèce exotique envahissante sur le site sera ensuite à surveiller, c’est pourquoi le contrat Natura 2000 prévoit des interventions sur 3 ans. Cette veille pourra ainsi donner lieu, si besoin, à un arrachage systématique des individus observés.

Les parcelles concernées par le Contrat Natura 2000 appartiennent à la commune de Franchevelle, qui les a acquises il y a quelques années dans le cadre du Contrat de rivière Lanterne (à l’époque animé par l’EPTB Saône et Doubs) via des fonds de l’Agence de l’eau RMC.

Le site est aujourd’hui géré par le Conservatoire des Espaces Naturels de Franche-Comté, qui a été sollicité par l’EPTB et la commune de Franchevelle pour la réalisation du plan de gestion.


Contrat Natura 2000 sur 3 ans (2020-2022)


Montant des travaux : 37 733,20 € TTC (hors valorisation des bois)

 

Gestionnaires et signataire du Contrat : CEN Franche-Comté

Co-financement : Europe (63%) et État (37%)

Entreprises : ONF / Sylv’adopte

La bibliographie sur des chantiers de limitation du Chêne rouge reste limitée, le choix a donc été fait de tester plusieurs méthodes suivant les secteurs et les enjeux des milieux…

  • Un secteur en plein, d’environ 1 hectare, relativement facile d’accès, sera exploité de manière mécanique (abattage et débardage) avec l’appui de bucherons pour les individus les plus problématiques. Une fois l’abattage réalisé, la zone sera broyée en plein et les plus grosses souches seront rognées afin de minimiser les risques de rejets de souche. De plus, toujours afin d’éviter une réimplantation de l’espèce, des trembles seront bouturés afin de concurrencer les potentiels reprises.
  • Un second secteur, également d’environ 1 ha, sera exploité manuellement et débardé à l’aide d’un engin peu invasif (mini porteur) afin de réduire au maximum l’impact sur le sol. De plus, cette zone étant divisée en plusieurs petites entités et les Chênes rouge se présentant sous la forme de cépées, le choix a été fait de systématiquement laisser une tige afin de réduire les risques de rejets. Cette tige sera ultérieurement supprimée par anhélation.
  • Le dernier lot concerne les chênes rouges isolés sur l’ensemble des trente hectares de la forêt. Cela concerne une cinquantaine de tiges, préalablement repérées par GPS, qui seront annelés (= écorçage en anneau) afin de favoriser leur dépérissement sur pied. Une veille sur plusieurs années sera nécessaire afin de s’assurer que les tiges traitées n’ont pas repris et qu’aucun rejet de souche n’est présent. Cette technique, en plus d’être localisé permettra en plus de garder des bois morts sur pieds important pour favoriser les espèces comme les Pics ou encore les insectes saproxyliques.

Abattage et débardage mécanique

Débardage manuel

Annelage